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“En tout état de cause, ce fascicule ne sauvera pas l'humanité...“ (lettre de Freud à L. de Groot, le 10 février 1933)



Tel est l'incipit de la préface du petit fascicule qui regroupe l'échange épistolaire - deux longues lettres - entre les deux "génies de premier ordre" que sont Sigmund Freud et Albert Einstein, sous le titre “POURQUOI LA GUERRE ?“.

“Échange intemporel entre purs esprits“ peut-on lire dans cette préface qui a été publié en 1933 simultanément en allemand, en anglais et en français par l'Institut International de Coopération Intellectuelle (IICI), l'une des nombreuses émanations de la Société des Nations.



Et le quatrième de couverture nous permet de saisir la genèse et la raison d'être de ces pages.


Les deux auteurs, qui s'étaient rencontrés fin 1926, étaient restés en contact épistolaire. En 1932, quand l'IICI a demandé à Einstein de contribuer à l'un de ses volumes de «correspondance», c'est lui qui a proposé cet échange avec Freud sur le thème de la guerre.


Dans sa lettre, Einstein, qui venait de démissionner de l'IICI après la Conférence de Genève sur le désarmement (il n'approuvait pas le principe d'un « désarmement progressif »), rappelle ses convictions cosmopolitiques (seule une instance supranationale pourrait contribuer à éliminer la guerre) - même s'il ne semble plus y croire. Cette lettre, qui ne contient donc pas à proprement parler de « profession de foi », s'achève sur une question adressée à Freud :

« Existe -t-il une possibilité de diriger le développement psychique de l'homme de manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ? »

Cet échange est l'occasion pour Freud de revenir sur la question de la guerre. La Première Guerre mondiale elle -même et les recherches qu'il avait menées à l'époque sur les « névroses de la guerre » avaient commandé dans l'œuvre de Freud le passage de la première à la seconde topique et l'avènement du concept désormais central de la « pulsion de mort » (Au-delà du principe de plaisir, 1920). Cette réponse faite à Einstein contient la description la plus complète que Freud a donnée du phénomène de la guerre en termes de « pulsion de mort » et constitue à ce titre l'aboutissement de sa réflexion sur la guerre.


Interdit en Allemagne dès sa publication en mars 1933, il y a fort à parier que les exemplaires du fascicule Pourquoi la guerre ? qui avaient néanmoins circulé ont fini dans les autodafés du 10 mai 1933 dans lesquels les nazis ont brûlé - entre autres - les livres d'Einstein et de Freud...


Aujourd'hui, 91 ans après la parution de cet ouvrage, le cinéaste israélien Amos Gitaï repose les mêmes questions en compagnie des comédiens français Mathieu Amalric (Freud), Micha Lescot (Einstein) et Irène Jacob, entourés d'une pléïade d'acteurs israéliens, arabes, allemands, italiens et suisses.

“La question de la guerre et de l'après-guerre est cruciale peut-on lire dans un article de i24News (https://www.i24news.tv/fr/actu/culture/artc-war-par-amos-gitai-il-y-a-t-il-un-moyen-de-delivrer-l-humanite-de-la-menace-de-la-guerre).

Freud et Einstein analysaient l'appétit des hommes pour la guerre.

Aujourd'hui, Amos Gitaï, dont les idéaux de gauche se sont fracassés sur le 7 octobre, utilise "Why War" comme une occasion de réfléchir aux idées et aux possibilités de prévenir la violence et la guerre. Peut-être que le cinéma et la bonne volonté feront au moins rêver.“


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